Ce jour-là, le ciel était bleu, la montagne était belle, et j’étais royalement… dans le rouge. Mon premier trail sans ravitaillement s’annonçait comme une aventure palpitante, mais s’est transformé en véritable école de vie. À 53 ans, après des années de randonnées tranquilles, j’avais décidé de pimenter mon quotidien en passant au trail. Quelle idée géniale… jusqu’à ce que je comprenne ce que signifie réellement « gérer son énergie ».
L’apprentissage brutal de l’autonomie énergétique
Quand on passe de la randonnée au trail, on garde les paysages mais on change de dimension. Premier choc : la vitesse. Second choc : l’intensité. Troisième choc, et non des moindres : l’absence totale de points de ravitaillement sur ce parcours de 25 kilomètres que j’avais choisi avec l’insouciance d’un débutant.
« Ce sera comme une longue rando, mais en courant un peu », m’étais-je dit. Permettez-moi de rire maintenant. C’est comme comparer une balade dominicale à l’ascension de l’Everest. La différence est subtile mais fondamentale.
Au dixième kilomètre, alors que les premiers reliefs sérieux se présentaient, j’ai compris que mon unique gourde à moitié vide et mes trois barres de céréales ne seraient pas suffisantes. Les jambes commençaient à peser, la bouche devenait pâteuse, et mon estomac grondait comme un ours mal réveillé après l’hibernation.
Un vétéran de 60 ans m’a doublé, souriant, avec son sac à dos visiblement bien garni. « Premier trail sans ravito? » m’a-t-il lancé en passant. Mon regard désespéré lui a certainement tout dit. Il m’a tendu une poignée de fruits secs avant de disparaître dans la montée. La leçon numéro un venait de m’être servie sur un plateau.
Planifier son alimentation et son hydratation
L’erreur la plus commune des novices comme moi? Sous-estimer drastiquement nos besoins caloriques et hydriques. En trail, le corps consomme entre 600 et 900 calories par heure selon l’intensité et le dénivelé. Multiplié par 4 ou 5 heures d’effort, faites le calcul!
J’ai appris à mes dépens qu’il fallait planifier précisément ses apports. Voici ce qu’aurait dû contenir mon sac:
- Au moins 1,5 litre d’eau pour un parcours de cette distance
- Des aliments solides faciles à digérer (barres, fruits secs, bananes)
- Des gels énergétiques pour les moments difficiles
- Une solution électrolytique pour compenser les pertes en sel
- Quelques sucres rapides pour les coups de pompe
Mon erreur fondamentale? Avoir attendu d’avoir soif pour boire et faim pour manger. Au kilomètre 15, il était déjà trop tard. Les crampes commençaient à tirailler mes mollets, et ma tête tournait légèrement dans les montées.
À mi-parcours, j’ai croisé une fontaine de montagne. Je crois que même au milieu du désert, l’oasis de mes rêves n’aurait pas eu meilleur goût. J’ai rempli ma gourde et bu comme si ma vie en dépendait – ce qui n’était pas loin de la vérité!
Distance | Hydratation | Nutrition |
---|---|---|
0-10 km | 250-300 ml/heure | 1 barre énergétique |
10-20 km | 300-500 ml/heure | 1 gel + fruits secs |
20+ km | 500+ ml/heure | Sucres rapides + solide |
La leçon de vie derrière l’effort
Les derniers kilomètres ont été une longue négociation entre mon corps qui voulait abandonner et mon esprit qui refusait de céder. Le trail sans ravitaillement est une métaphore parfaite de la vie : personne ne viendra vous tendre un gobelet d’eau ou une banane si vous n’avez pas prévu vos ressources.
J’ai franchi la ligne d’arrivée épuisé mais transformé. Cette expérience m’a enseigné bien plus que la simple gestion de l’énergie physique. Elle m’a appris l’humilité face à la montagne, la prévoyance, et surtout que le corps a des limites qu’il faut respecter.
Maintenant, quand je prépare mes sorties, je planifie méticuleusement chaque détail. Mon sac est devenu plus lourd, certes, mais ma confiance aussi. J’ai même investi dans une veste d’hydratation avec réservoir. Comme quoi, on peut enseigner de nouveaux tours à un vieux randonneur!
Et vous savez quoi? La semaine dernière, j’ai recroisé mon sauveur aux fruits secs sur un autre trail. Cette fois, c’est moi qui lui ai proposé une part de ma quiche aux légumes faite maison. Il a éclaté de rire: « Tu vois, maintenant tu as compris ce que signifie vraiment gérer son énergie! »
Et c’est vrai. Dans le trail comme dans la vie, tout est question d’équilibre et de prévision. Alors avant votre prochaine aventure sans ravitaillement, souvenez-vous de mon erreur et préparez-vous en conséquence. Votre corps vous remerciera – et vous pourriez même prendre du plaisir jusqu’au bout!