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Le jour où j’ai couru sans montre, sans objectif, juste pour respirer

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Ce matin-là, j’ai quitté la maison sans ma montre GPS, sans mon téléphone et sans aucun objectif précis. Une décision qui pourrait sembler anodine pour beaucoup, mais pour un coureur chronique comme moi, c’était presque un acte de rébellion. Après des années à traquer chaque seconde, chaque battement cardiaque et chaque dénivelé, j’ai simplement décidé de retrouver l’essence même de la course : la liberté.

Quand la technologie nous éloigne de l’essentiel

Je me souviens précisément du moment où cette idée m’a traversé l’esprit. J’étais en train de programmer ma séance du jour – une série de côtes avec des temps de récupération calculés au millimètre – quand ma batterie a rendu l’âme. Ma première réaction? La panique. Comment allais-je mesurer ma performance sans données? C’est à ce moment précis que j’ai réalisé à quel point j’étais devenu dépendant de la technologie.

Vous savez, nous coureurs, nous sommes parfois comme ces collectionneurs compulsifs de timbres, sauf que nous collectionnons des données. Vitesse moyenne, cadence, dénivelé positif… nous transformons nos sorties en équations mathématiques complexes. Mais à force de regarder nos poignets, nous oublions de lever les yeux vers l’horizon.

Cette obsession des chiffres m’a rappelé une blague qu’un ami m’avait faite : « Si un coureur fait une sortie sans la partager sur Strava, a-t-il vraiment couru ? » J’en ris maintenant, mais il y a une vérité gênante derrière cette plaisanterie.

Le retour aux sensations pures

Ce jour-là, j’ai donc décidé de courir comme avant – avant les montres connectées, avant les applications, avant que la performance ne devienne une religion. J’ai lacé mes chaussures et je suis parti sans itinéraire préétabli, guidé uniquement par mon instinct et mon envie.

Les premiers kilomètres ont été étranges. Mes yeux cherchaient constamment mon poignet vide. Mon cerveau me demandait : « Tu cours à quelle allure ? Tu as parcouru quelle distance ? » Mais progressivement, quelque chose de magique s’est produit : j’ai commencé à écouter mon corps.

Voici ce que j’ai redécouvert lors de cette course « déconnectée » :

  • La capacité de mon corps à trouver naturellement son rythme
  • Les subtiles variations du terrain sous mes pieds
  • Les odeurs de la forêt que je traversais habituellement sans les remarquer
  • Le plaisir simple de sentir mes poumons se remplir d’air frais

Courir sans objectif, c’est comme redécouvrir un vieil ami que l’on avait négligé. Vous savez, cette sensation quand vous retrouvez quelqu’un après des années et que vous réalisez à quel point il vous avait manqué ? C’était exactement ça.

Les bienfaits insoupçonnés de la course contemplative

Cette expérience m’a ouvert les yeux sur les multiples bénéfices de courir sans pression ni objectif chiffré. J’ai compris que mes meilleures sorties n’étaient pas forcément celles où j’avais battu des records, mais celles où j’avais ressenti une connexion profonde avec l’environnement et mon propre corps.

À 63 ans, après plus de 30 années de course à pied et de trails, j’ai réalisé que certains bienfaits ne peuvent être mesurés par aucune montre. La clarté mentale et la paix intérieure que procure une course contemplative valent bien plus que n’importe quelle statistique.

Course avec montre Course contemplative
Focus sur la performance Focus sur les sensations
Stress lié aux objectifs Libération du mental
Vision limitée à l’écran Connexion avec l’environnement

D’ailleurs, savez-vous quelle a été ma plus grande surprise ? Cette course « sans objectif » a été l’une des plus longues que j’ai faites récemment. Sans la pression du chronomètre, j’ai simplement continué tant que j’en avais envie. Comme quand on lit un bon livre et qu’on ne peut plus s’arrêter – sauf qu’ici, c’était mon corps qui tournait les pages.

Intégrer la pleine conscience dans sa pratique

Depuis cette expérience révélatrice, j’essaie de programmer au moins une course contemplative par semaine. Un moment où je laisse volontairement ma technologie à la maison pour simplement respirer et ressentir. C’est devenu mon rituel de reconnexion, une parenthèse enchantée dans un monde où la performance règne en maître.

Si vous vous sentez parfois prisonnier de vos objectifs, je vous invite à tenter l’expérience. Laissez votre montre à la maison, oubliez les chiffres et courez simplement pour le plaisir de sentir l’air emplir vos poumons. Comme me l’a dit un jour un sage coureur de montagne : « Les meilleures performances viennent quand on cesse de les chercher. »

Et qui sait ? Peut-être découvrirez-vous, comme moi, que courir sans montre n’est pas courir à l’aveugle – c’est plutôt ouvrir les yeux sur l’essentiel.

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