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J’ai terminé un trail épuisé mais plus calme que jamais

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Ce week-end, j’ai enfin relevé ce défi que je repoussais depuis des mois : un trail de 42 km dans les Alpes. La ligne d’arrivée franchie, je me suis effondré sur l’herbe, les jambes en compote, mais avec cette sensation incroyable de clarté mentale. Comme si mon cerveau, habituellement encombré de pensées parasites, avait fait un grand ménage de printemps pendant que mes jambes faisaient le travail. Cette paix intérieure contrastant avec l’épuisement physique est probablement ce qui rend le trail si addictif.

L’effort physique comme médicament naturel contre le stress

Sur le sentier escarpé du Mont-Blanc, à mon 25e kilomètre, j’ai senti cette transformation opérer. Les premières heures, je calculais sans cesse mon allure, je pensais à mes problèmes quotidiens, à cette facture oubliée, à ce dossier en retard. Puis soudain, plus rien. Comme si l’effort prolongé avait progressivement déconnecté le mode « pensées en boucle » de mon cerveau.

Cette sensation n’est pas le fruit du hasard. L’endorphine, cette morphine naturelle que notre corps libère pendant l’effort, joue un rôle crucial. Elle agit comme un anxiolytique naturel, mais sans les effets secondaires des médicaments. À 65 ans (oui, on peut encore courir des trails à cet âge !), je ressens ces bienfaits plus intensément qu’à 30 ans. Peut-être parce que l’esprit est plus encombré avec les années et que le nettoyage est d’autant plus perceptible.

Savez-vous pourquoi les grimpeurs parlent souvent de « flow » ? C’est exactement cette sensation : vous êtes tellement concentré sur l’instant présent que tout le reste s’évapore. Sur un trail, c’est pareil. Vous surveillez où vous mettez les pieds, vous gérez votre respiration, vous écoutez votre corps… et paf ! Plus de place pour ruminer.

Un traileur m’a dit un jour : « Si tu veux résoudre un problème, cours jusqu’à l’épuisement. La solution viendra quand tu n’y penseras plus. » Il n’avait pas tort ! J’ai pris certaines de mes meilleures décisions professionnelles après des sorties longues en montagne.

Les phases mentales d’un trail : ma petite cartographie personnelle

Au fil des années et des courses, j’ai identifié plusieurs étapes mentales systématiques lors d’un trail. C’est presque aussi prévisible que les ravitaillements sur le parcours !

  1. Phase d’excitation initiale (0-5 km) : Le cerveau est en ébullition, plein d’enthousiasme.
  2. Phase de doute (5-15 km) : « Pourquoi je me suis inscrit à cette torture ? »
  3. Phase de négociation (15-25 km) : On commence à marchander avec soi-même.
  4. Phase de transcendance (25-35 km) : L’esprit se vide progressivement.
  5. Phase de clarté (35 km à l’arrivée) : Une sérénité surprenante s’installe.

Lors de mon dernier trail, j’ai failli abandonner en pleine phase de doute. Mes genoux me faisaient souffrir, et j’ai été tenté de dire « à mon âge, c’est normal de renoncer ». Mais j’ai persisté, sachant que la phase de clarté mentale en fin de parcours valait tous les anti-inflammatoires du monde. Petite blague de traileur : savez-vous pourquoi nous courons des distances absurdes ? Parce qu’il faut bien 30 km pour faire taire cette petite voix qui nous dit qu’on devrait être confortablement installés devant la télé !

Distance parcourue État mental Technique de gestion
0-15 km Mental agité Concentration sur la respiration
15-30 km Début de clarification Focus sur le paysage
30+ km Sérénité Laisser-aller mental

Le paradoxe du traileur : plus fatigué mais plus serein

L’épuisement a une curieuse façon de clarifier l’esprit. Après 40 km de course, mes jambes me suppliaient d’arrêter, mais mon cerveau semblait fonctionner avec une netteté inhabituelle. Les problèmes qui me paraissaient insurmontables la veille avaient soudain des solutions évidentes. C’est comme si l’effort avait recalibré mes priorités.

Un neurologue m’a un jour expliqué que l’effort prolongé active notre système nerveux parasympathique, celui qui nous calme et nous permet de nous régénérer. En plus, la course en nature nous éloigne des écrans et des notifications constantes. Résultat : notre cerveau a enfin le temps de traiter l’information accumulée plutôt que d’en ingurgiter continuellement de nouvelle.

Dernièrement, j’ai couru un trail juste après une période professionnelle particulièrement stressante. Au départ, mon esprit ressemblait à une cocotte-minute prête à exploser. À l’arrivée ? Une casserole dont on aurait soulevé le couvercle… toute la pression évacuée ! Autre plaisanterie qui circule dans nos cercles de traileurs seniors : « Le trail est moins cher qu’un psy, mais bien plus efficace pour faire le vide. » Pas faux !

Cette clarté d’esprit ne dure malheureusement pas éternellement. Mais elle vous offre une fenêtre précieuse pour voir votre vie sous un angle différent. Et c’est probablement pour retrouver cette sensation que nous nous inscrivons, course après course, à ces défis qui paraissent insensés aux yeux des non-initiés.

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